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Voici quelques exemples de grands faits syndicaux, menés par des hommes et des femmes, qui ont contribué par leur engagement et leurs luttes, dans des conditions souvent difficiles et parfois héroïques, à marquer notre société des empreintes de progrès social. C’est par le Combat syndical, et souvent par des fronts communs, que nous avons obtenu des mesures sociales. Ces législations n’ont pas toujours satisfait complètement le mouvement syndical, mais plusieurs progrès ont été accomplis et beaucoup d’autres restent à conquérir. 1966 : NATIONALISATION DES HÔPITAUX En juillet, grève de trois semaines des 32 500 employées, membres de la CSN, dans 140 hôpitaux. Cette grève marque une grande victoire pour les syndiquées (première convention collective à l’échelle nationale) ainsi que pour l’ensemble de la population. Le gouvernement du Québec sera forcé de mettre fin aux abus du » commerce de la santé » en nationalisant les hôpitaux. Sous pression syndicale, l’assurance-santé suivra le 17 juillet 1970. 1970 : LE FRANÇAIS, LANGUE DE TRAVAIL En septembre, grève de 3 mois des 2 300 ouvriers de l’usine de montage de la General Motors (GM) à Sainte-Thérèse, représentés par les TCA-Québec. Un des enjeux du conflit: l’instauration du français comme seule langue du travail à l’usine. Cette revendication liée au français se poursuivra au travers de luttes ouvrières, tout au long des années 70. Ces batailles ne seront pas étrangères à l’adoption de la Charte de la langue française (Loi 101) en 1977. 1972 : 100 $ PAR SEMAINE POUR LES BAS SALARIÉS Du 11 au 21 avril, grève générale illimitée des salariés du Front commun intersyndical dans les services publics au Québec : 210 000 travailleuses et travailleurs défient injonctions et loi spéciale. Le 8 mai, les présidents des trois centrales CSN-CEQ-FTQ sont condamnés à un an de prison ainsi que plusieurs militants syndicaux. Le lendemain 9 mai, vague de grèves de protestation. La France a eu Mai 68, le Québec aura son Mai 72: De 300 000 à 500 000 syndiqués débrayent » illégalement » pendant une semaine, pour réclamer la libération des leaders syndicaux. Contrôlé par les grévistes, un soviet s’installe même à Sept-Îles. L’État-patron cède et le Front commun arrache sa revendication majeure: un salaire de base de 100 $ par semaine pour les plus bas salariés du secteur public. Un gain qui aura un effet d’entraînement sur l’ensemble de la classe ouvrière au Québec. 1973: MESURES ANTI-SCAB À Joliette, en mars, grève des 312 ouvriers à la Firestone (10 mois) et, en mai, des 85 ouvriers à la Canadian Gypsum (20 mois), membres des centrales FTQ-CSN. Une des revendications majeures : une loi pour rendre illégal l’engagement de scabs. Leur mot d’ordre: » La victoire appartient à ceux qui tiennent une minute de plus « . Un Front commun FTQ-CSN-CEQ naît dans la région et un débrayage régional éclate le 1er mai 74 en appui aux grévistes. Le 27 août, 400 grévistes d’une vingtaine d’entreprises occupent les bureaux du ministère du travail à Montréal. Ils exigent des mesures anti-scabs. La FTQ et la CSN lancent le Manifeste des grévistes. 1974 : FORMULE RAND ET MESURES ANTI-SCABS Janvier, début du long conflit de 22 mois de 2 000 ouvriers, membres des TCA-Québec, contre la United Aircraft à Longueuil (aujourd’hui Pratt & Whitney). Le 12 mai 1975, les ouvriers occupent l’usine et 34 grévistes sont matraqués jusqu’au sang par la police. Indignée, la FTQ appelle pour le 21 mai à une grève générale de 24 heures à laquelle répondront 100 000 membres. Cette lutte ouvrière, une des plus violentes en Amérique du Nord, est à l’origine de deux gains inscrits dans le Code du travail: Le précompte syndical obligatoire (formule Rand) et les mesures anti-briseurs de grève. 1975 : SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL Au mois de mars, un Front commun CSN-FTQ de 3 000 métallos de l’amiante de Thetford mène une grève de 7 mois qui force le gouvernement à adopter la loi 52 pour indemniser les victimes d’amiantose et de sillicose. Cette lutte amène le gouvernement à instituer une commission d’enquête (Beaudry) qui confirmera les lacunes des lois de protection en santé-sécurité des travailleurs et travailleuses. Sous la pression des syndicats, l’État adoptera la Loi de la santé et de la sécurité du travail en 1979. 1975-76 : 165 $ PAR SEMAINE ET PARITÉ SALARIALE HOMME/FEMME Deuxième Front commun CSN-CEQ-FTQ de 185 000 salariés du secteur public. Grèves tournantes et grèves générales de 24 heures se succèdent. Le gouvernement Bourassa adopte une série de lois » scélérates » et multiplie injonctions et poursuites contre les syndicats. En mai 76, plus de 20 000 travailleurs du secteur privé de la CSN débrayent en appui aux salariés du public. Juin, grève générale illimitée des syndiqués des Affaires sociales. Au bout de 48 heures, ils obtiennent une victoire significative: un salaire de base de 165 $ par semaine, la parité salariale presque complète entre les femmes et les hommes ainsi que quatre semaines de congés payés après un an de service. Une victoire syndicale, qui sert de modèle à tous les syndiqués du Québec. 1977 : DISPOSITIONS ANTI-SCABS Mars, Front commun de 570 meuniers de 4 compagnies de farine à Montréal. Le 22 juillet, les ouvriers des meuneries, membres de la CSN, manifestent devant la Robin Hood. La milice patronale fait feu et 8 grévistes tombent sous les balles. Les gardes armés seront acquittés. Une manifestation inter-centrales est organisée pour dénoncer l’embauche de fiers-à-bras et de scabs. Cette agression sauvage de l’employeur, une des plus sanglantes de l’histoire des luttes syndicales au Québec, pousse le gouvernement à introduire les dispositions anti-briseurs de grève dans le Code du travail en décembre 1977. 1985 À AUJOURD’HUI: LES GAINS DU PARTENARIAT Les adeptes du syndicalisme de partenariat, au nom du réalisme économique et de l’efficacité, renoncent encore aux affrontements directs avec le capital. Par leur refus de la lutte de classe, ils s’engagent dans des pratiques qui cautionnent le recul social. Que fait le partenariat pour l’avancement de la classe ouvrière et des sans emplois ? Ceci est un aperçu des grandes batailles de la classe ouvrière par le truchement de l’action syndicale. Uni dans la bataille, uni dans nos convictions. |